MediTer se présente




Mediter est un Laboratoire Mixte International  dédié à l’étude des dynamiques actuelles des espaces ruraux (considérés ici comme des systèmes socio-environnementaux) dans les pays du pourtour méditerranéen. Il est fondé sur un projet de recherche et de formation qui s’articule autour des notions de terroir et de patrimoine, et s’adresse aux changements, à la vulnérabilité et à la résilience de ces systèmes. A travers ses principaux questionnements, il cadre avec la demande explicite posée par la puissance publique pour le développement des zones rurales marginales en Méditerranée.

Son objectif est de questionner la pertinence de ces notions de terroir et de patrimoine -prises dans une acception qui va du concept à la réalité concrète- à la fois pour la caractérisation des qualités et des diversités culturelles, agraires et paysagères de ces zones, et  comme « outils privilégiés du développement durable des zones rurales marginales », ainsi que le préconisent les politiques de développement de la région. Pour ce faire, il confronte les dynamiques concrètes des espaces ruraux aux politiques publiques et aux projets de développement qui sollicitent ces concepts et les mettent en action.
Positionné pour l’instant au Maroc, avec des connections en France et des contacts au Liban, il a vocation à s’ouvrir aux autres pays de la Méditerranée.

Le projet scientifique de MediTer se décline autour de 4 thématiques:

La thématique 1 « Terroirs et patrimoines ruraux au 21e siècle, entre idéologie, projets et réalité concrète » cherche dans un premier temps à expliciter les présupposés théoriques, idéologiques et socio-historiques qui imprègnent les discours et les actions des différents acteurs impliqués dans ces dynamiques de renouveau des terroirs. Puis partir de cette base dialectique nous pourrons questionner, du point de vue de différentes parties prenantes et avec les acteurs concernés, ce que représente et signifie localement le « terroir » et ce qui « fait patrimoine » au sein de ce terroir, en nous intéressant aux changements des représentations attachées à ces concepts dus à la multiplication des démarches (approche-terroir, patrimonialisation) qui mettent en action ces concepts. Terroirs et patrimoines se retrouvent aujourd’hui à la croisée des savoirs : du savoir local aux discours internationaux ; des savoirs empiriques aux plus savants ; des savoirs individuels aux savoirs collectifs.  Comment ces savoirs se côtoient-ils, s’hybrident-ils, rentrent-ils en concurrence ? Quelles continuités, quelles ruptures ces rencontres produisent-elles ?


 La thématique 2 « Terroirs, patrimoines et développement durable : biodiversité, savoirs locaux, gouvernance, gestion des ressources » s’adresse à la réalité des liens d’appropriation et de « domestication » tissés par les sociétés locales, dans la durée, avec des ressources territorialisées. Il s'agira de comprendre dans quelle mesure l’histoire, le lien au lieu, la gestion locale des ressources, les savoirs et pratiques qui font sens localement, sont susceptibles d’identifier chaque « terroir » comme un espace d’intégration entre diversité biologique et culturelle. Il s’agira ensuite de voir à quelles conditions ces terroirs et les dynamiques patrimoniales qui leur sont associées peuvent constituer des lieux de gestion responsable et durable de ces diversités et comment ces dynamiques influent sur la vulnérabilité et la résilience des sociétés et des territoires. Enfin, nous nous intéresserons aux changements des systèmes de gouvernance liés à l’irruption de nouveaux acteurs, de nouveaux enjeux, de nouvelles possibilités de création de rente ? Les dynamiques lancées autour des terroirs font-elles émerger de nouvelles capacités de construction collective ? La question de l’avenir du terroir ne devient-elle pas, dès lors, celle de la gouvernance locale dans le cadre d’une politique publique qui, de nationale, sera sans doute demain mondiale ?
La thématique 3 « Terroir, patrimoine et valorisation : indications géographiques, tourisme rural, services, « panier de biens et services » vise à cerner ce qui lie « qualité », « spécificité » et « terroir » ou « patrimoine ». Il s’agit dans un premier temps de comprendre en quoi la qualité est liée au lien entre lieux et sociétés et comment une stratégie de valorisation peut enclencher durablement un «cercle vertueux» de développement. Puis, nous attachant à suivre les interactions entre acteurs publics et privés, locaux et externes, nous tenterons d’analyser où, comment, et par qui se définissent, pour un terroir donné, les produits ou services à valoriser, les modes de valor isation (tourisme, produit de terroir, rémunération environnementale), de labellisation (IG?), d’organisation pour le développement (action individuelle ou collective, publique ou privée.

La thématique 4 « Politiques publiques, échelles de gouvernance et échelles territoriales d’action » cherche à comprendre comment la multiplicité des échelles et des acteurs territoriaux, ainsi que la pluralité des registres idéologiques et institutionnels mobilisés par les acteurs conduit à l'émergence de nouveaux modes de gouvernance. Ces nouvelles gouvernances jouent-elles sur le mode de la complémentarité ou, au contraire, de la concurrence et du conflit ? Comment impactent-elles les mécanismes de coordination sociale, de construction de choix collectifs, ou pour l’adaptation et l’apprentissage ? Nous nous poserons aussi la question des unités socio-spatiales et de leur pertinence comme support à l’élaboration, la concrétisation et l’intégration des projets de valorisation des terroirs. Une autre question essentielle est celle de l’impact des diverses mobilités sur les dynamiques des terroirs. Un dernier volet de nos réflexions portera sur les relations entre les politiques de promotion du terroir et les politiques de modernisation agricole. Comment les espaces marginalisés par des décennies de modernisation agricole peuvent-ils s’accommoder de ce nouvel intérêt ? Comment l’exploitation intensive des ressources par l’agriculture capitaliste va-t-elle impacter l’ agriculture de terroir, en termes de partage des usages des espaces ou des ressources naturelles, techniques, financières ou politiques ?